Même si vous détestez l’informatique et que vous ne savez pas taper une formule Excel, vous devriez prendre le temps de vous intéresser à Linux. Pourquoi ?
Il y a 20-30 ans, bricoler en informatique était la norme. Windows et Macintosh étaient loin d’offrir le niveau d’ergonomie de 2021. L’usager était en contact direct avec les fichiers de son système d’exploitation. Tous ceux qui ont téléchargé des jeux dans les années 2000 savent de quoi je parle : il fallait parfois bricoler un long moment dans les dossiers du jeu pour simplement espérer le lancer. Et à l’époque, Google ne vous était pas d’une grande aide.
Progressivement, Microsoft et Apple ont réussi à éloigner l’usager du code. Le but est évidemment de démocratiser leurs produits et services : si c’est simple à utiliser, les usagers seront plus nombreux et plus facilement convaincus. Plus de ventes. On aurait alors tendance à croire que l’informatique est devenu exponentiellement compliquée, car planquée sous le capot. Qu’au premier bug Windows qu’une recherche Google ne sait pas résoudre, il faut emmener son PC chez un spécialiste. C’est faux.
Je doute fort que vous lecteurs, appréciez l’idée d’être dépendants, économiquement et techniquement, de ces multinationales pour pouvoir simplement travailler. L’idée de cet article n’est pas de vous faire abandonner Windows/MacOS (je me sers moi-même de W10) mais de vous démontrer que n’importe qui peut prendre le contrôle de ses outils. Rappelez-vous : vous n’avez pas besoin de devenir ingénieurs, mais vous devez avoir une certaine idée de comment fonctionne les choses autour de vous.
Linux est un outil formidable, gratuit, assorti d’une philosophie pratiquement utopique. Ludique, exigeant, parfois frustrant mais aussi parfois très gratifiant. Quiconque y consacrera ne serait-ce que quelques heures en sortira grandi.

Avec Linux (et un SSD…), oui.
Petite intro à Linux
« Linux » désigne une famille de systèmes d’exploitation dite open source, c’est à dire que le code est libre d’accès pour tout le monde. Cela signifie aussi que c’est gratuit. Chacun contribue comme il peut et comme il veut. Linux est le nom d’un noyau, c’est à dire d’une interface entre le matériel informatique et le logiciel, qui permet donc de servir de base au système d’exploitation. Cette base de système d’exploitation s’appelle GNU, les puristes parlent par conséquent de GNU/Linux.
GNU est inspiré du système Unix, qui est à l’origine de MacOS. GNU/Linux est ainsi un proche parent des systèmes Apple et utilise le même langage de ligne de commande (bash). Android et ChromeOS sont des exemples de distribution Linux.
C’était la partie fondamentale. A celle-ci s’ajoutent deux éléments : ce que l’usager voit et ce qu’il ne voit pas. Ce qu’il ne voit pas, c’est le code qui s’ajoute à la base GNU/Linux et qui constitue le fonctionnement du système d’exploitation. Ce qu’il voit, c’est l’interface utilisateur, notamment l’environnement de bureau (« desktop environment »).
Qu’est-ce qu’une distribution Linux ?
La combinaison des ces éléments donne ce que l’on appelle une « distribution » Linux :
- la base GNU/Linux, avec le noyau Linux qui fait le pont entre votre ordinateur et le système d’exploitation
- une couche de code et de logiciels (incluant notamment le gestionnaire de paquets qui détermine comment les programmes sont installés et maintenus) qui forment le système d’exploitation
- un environnement graphique pour l’usager (l’environnement de bureau ou desktop environment)
Voyez ci-dessous elementaryOS, une distribution Linux qui s’inspire de MacOS pour son design et ses fonctionnalités.

elementaryOS est donc constitué de ces trois éléments :
1- le noyau Linux et la base GNU
2- le système d’exploitation Ubuntu (légèrement modifié)
3- l’environnement de bureau unique à cette distribution, baptisé Pantheon
Naturellement, je vous montre cette distro en premier car elle est à la fois très esthétique, simple et d’apparence familière.
Il existe des centaines de distributions. Certaines sont indépendantes, certaines sont basées sur d’autres (elementary est basée sur Ubuntu) et le tout donne un arbre généalogique terriblement compliqué.
Toutes ne se valent pas et surtout, toutes ne reçoivent pas le même niveau de professionnalisme et d’attention. Certaines sont abandonnées ou maintenues par un ou deux quidams passionnés, tandis que d’autres sont développées et distribuées par de grandes sociétés (Red Hat par IBM, Ubuntu par Canonical).
Beaucoup ont une utilité spécifique : serveur informatique (Linux représente la quasi totalité des serveurs du monde), trousse à outil pour la cybersécurité (vous avez vu Mr Robot, vous connaissez Kali Linux), console de jeu (le défunt SteamOS), maintenance de systèmes, développement, gestion de réseaux informatiques, éducation et usage scolaire, etc.
Pour le débutant et l’usager lambda, on prêtera davantage d’importance à l’environnement de bureau
Il s’agit de l’interface utilisateur, des fonctionnalités et du look de votre système. Plusieurs distributions très différentes dans leur code peuvent paraître identique car elles utiliseront le même environnement de bureau. Et réciproquement : des distributions ayant une apparence totalement différentes auront en réalité la même chose sous le capot.
Vous pouvez comparer le screenshot ci-dessus avec celui juste en dessous. elementaryOS (en haut) est basé sur Ubuntu (en bas), leur code est donc très similaire. Mais elementary a une interface totalement différente, des fonctionnalités différentes et des logiciels pré-installés différents.

Tous les aficionados de Linux ne seront pas d’accord avec moi, mais je pense que c’est par là qu’il faut débuter. Car c’est important de se sentir à l’aise et d’apprécier le look de son système. Ensuite, c’est par l’usage et la personnalisation que l’on domestique Linux.
Voilà, vous avez les bases. En gros : Linux représente une large famille de systèmes d’exploitations informatique ayant une parenté commune, que chacun peut bricoler à sa sauce, y compris l’interface. Un noyau, un système et une interface. La plupart des systèmes proposent plusieurs interfaces.
Vous vous sentez perdus ? C’est absolument normal, c’est pourquoi vous allez refaire avec moi le chemin qui m’a amené à vous écrire cet article.
Comment j’ai apprivoisé Linux
Je suis ce que l’on appelle un « usager non technique ». Une façon de dire que je ne sais pas aligner deux lignes de code. En 2015, de retour à la fac pour une licence de management (insérer ici rires de sitcom), j’essaie de redonner du souffle à un petit laptop bas de gamme. Windows est beaucoup trop lent. L’ordinateur met plusieurs minutes à s’allumer.
N’ayant pas le budget pour un nouveau PC, je cherche un système d’exploitation Linux rapide et léger. Le premier pas n’est pas simple à franchir : il faut effacer tout le contenu de son disque dur. Je fais une copie de mes fichiers et je me lance. C’est facile, il suffit de suivre les étapes à l’écran.
Surprise : tout fonctionne. Pas d’écran noir rempli de caractères à la Matrix. Le lancement est quasi instantané. Une recherche Google suffit à répondre à mes questions. Démarre alors un jeu formidable : celui de la personnalisation. Je bricole le bureau, les couleurs, je rajoute un dock (comme sur MacOS), etc. Je m’amuse franchement.
Dans l’amphithéâtre, mon petit netbook usé et rayé détonne au milieu des MacBook Air neufs. Minuscule (écran 10,6 pouces, une demi-feuille de papier), sous-performant, avec un système d’exploitation que je ne maîtrise pas, il fait pourtant le boulot proprement et simplement : prise de notes et internet. Tout ce qu’il me faut.
Je trouverai même un logiciel de mindmaps sur lequel je produirai une synthèse d’un cours de droit que je distribuerai à mes camarades.
Curieux, ayant le goût de la bidouille et de tester ce que ce système pouvait faire pour moi je vais naturellement… en changer une quarantaine de fois. Un comportement commun qui a un nom : le « distro-hopping« . On essaie toutes les distributions qui nous passent sous la main et on voit laquelle nous plaît le plus. Cela permet de tester différents environnements de bureaux (et différents gestionnaires de paquets).
Au final, je resterai longtemps sur celle que j’avais pendant mon année de fac : PeppermintOS.

En 2016, Peppermint OS est une distribution jeune et très prometteuse, dont la philosophie est d’être légère et stable. Son atout par rapport à d’autres distributions similaire était son outil de création d’applications internet. En gros, vous pouviez créer une application « Facebook » ou « OneNote » à partir d’une URL. Ladite application était une fenêtre Chromium dédiée. À l’époque c’était novateur !
Peppermint OS est un bon exemple de distribution développée par une petite équipe. Son créateur et principal développeur, Mark Greaves, est hélas décédé début 2020. Le projet a perdu son momentum depuis.
Peppermint OS sur l’illustration ci-dessus, c’est donc le noyau Linux, un système : Lubuntu modifié, et une interface : LXDE.
Comment vous pouvez apprivoiser Linux
À ce stade, vous vous dîtes peut-être : « si je devais m’y essayer, je ne comprendrais pas, je risque de faire une connerie ou de ne pas savoir quoi faire« .
C’est précisément ce qu’anticipe une grande partie de la communauté des contributeurs et développeurs de systèmes Linux. On est pris par la main pour choisir une distribution « adaptée aux novices ». Pour l’installer et commencer à s’en servir.
Je n’ai jamais eu à apprendre quoi que ce soit de compliqué pour utiliser Linux. Bien sûr, une utilisation poussée implique un peu plus de complexité, mais ce n’est pas obligatoire. Et surtout, il n’y a franchement rien qu’une recherche Google (en anglais, généralement) ne puisse résoudre. C’est la grande force de l’aspect communautaire Linux : peu importe le problème que vous avez, quelqu’un l’a eu avant vous, et quelqu’un d’autre l’a déjà résolu.
Vous n’aurez jamais besoin d’apprendre à programmer si vous ne le souhaitez pas. Au pire, vous aurez deux lignes de code à copier coller dans le terminal. Je dis bien au pire.
Est-ce que Linux peut vraiment être accessible à tous, alors ?
Ça fait deux ans que j’ai installé Linux Mint sur l’ordinateur de ma mère, pourtant technophobe, et elle en est très contente ! Elle avait davantage besoin de mon aide lorsque son ordinateur tournait sous Windows.
Tout simplement parce que Linux fait ce qu’on lui demande, point. Contrairement à Windows, on ne vous force pas à télécharger et installer des mises à jour. Le système d’exploitation du PC de ma mère n’a pas changé d’un iota depuis que je l’ai installé il y a deux ans, le système est donc parfaitement stable et régulier. Pour aller sur Youtube, envoyer des mails et consulter le site des impôts, c’est parfait.
Aucun programme en fond qui ralentit le système, pas d’interruption brutale de session pour mettre le PC à jour, pas de bugs ou de plantage inexplicable : tout est simple et fluide. Ce n’est évidemment pas le seul intérêt de Linux, mais c’est pour dire que si ma mère arrive à vivre avec, tout le monde le peut.
Notez toutefois : 2 ans sans aucune mise à jour, ce n’est pas non plus une excellente idée. Mais je n’ai eu qu’à souffler deux commandes basiques à mon frère pour mettre le système à jour.

Quatre raisons de vous pencher sur Linux
Vous savez désormais tout ce qu’il y a à savoir sur Linux. Plus serait trop. A moins de vraiment vouloir s’impliquer dans le développement d’une distribution ou d’une application.
Raison #1 : Linux vous rend autonome
Et ce peu importe ce que vous entendez par autonome.
Préoccupé par votre intimité informatique ? Linux est amplement mieux armé que les écosystèmes Windows et Apple pour ça. Il n’existe pas d’antivirus pour Linux, car il n’y en a pas besoin. Lorsque vous regardez les processus en cours d’exécution sous Windows, c’est la jungle : vous n’avez aucune application ouverte et pourtant vous voyez une centaine de lignes. Sous Linux, vous n’en verrez qu’une dizaine, et il vous sera facile de comprendre quelle ligne correspond à quel logiciel ou processus en cours sur votre ordinateur.
Windows et Mac font souvent remonter des informations de votre système sans votre consentement. Ce n’est pas le cas sous Linux.
Vous avez peur que votre système d’exploitation actuel vous lâche ? Vous n’avez même pas besoin d’installer Linux. Une clé USB bootable (voir section « mode d’emploi ») vous permettra d’accéder aux fichiers de votre ordinateur si par malheur il cessait de fonctionner normalement.
Ainsi, rien que de savoir produire une clé USB de ce type, ou même simplement d’en posséder une, vous donne déjà une autonomie considérable, comparé à l’usager informatique moyen.
Simple gestion des risques : si un virus détruit votre Windows, vous pouvez le réparer ou au moins récupérer les fichiers.
D’autre part, toutes les distributions Linux majeures sont très amplement documentées sur internet. Et de nombreuses communautés d’usagers, convaincu comme moi par l’intérêt de populariser Linux, seront plus que ravies de vous assister (faîtes un tour sur n’importe quel forum Linux et admirez avec quelle patience certains usagers vont aider des néophytes parfois vraiment pas rusés).
Si vous avez la hantise de ne pas contrôler votre vie privée sur votre ordinateur, de ne pas comprendre ce qui se passe dans les coulisses de votre système, ou de risquer de perdre vos fichiers car votre système d’exploitation subira un bug fatal ou un virus (peu probable, n’ayez pas peur, mais ça arrive), alors Linux est une solution simple à tous ces problèmes à la fois.
Raison #2 : Linux représente une économie
Et ce peu importe ce que vous entendez par économie.
Donner une seconde vie à un vieux PC ? En changeant le système d’exploitation, gratuitement, c’est un gain de temps et d’argent.
Par ailleurs, Linux consomme moins la batterie que Windows.
Vous avez acheté un ordinateur portable il y a 5 ans, la batterie est probablement morte mais vous vous en foutez tant que vous pouvez aller sur internet et sauvegarder vos fichiers ? Le matériel est fatigué et dépassé, le système d’exploitation est encombré et rouillé ? Tout pointe vers l’achat d’un nouveau PC…
Installer Linux suffit à rendre votre PC utilisable encore au moins 5 ans.
En 2016, j’ai fait un stage en entreprise avec un ordinateur portable acheté en 2006 (mon tout premier !) sur lequel j’ai installé Peppermint OS. Tout fonctionne à merveille. Fonctionne, encore aujourd’hui.
Raison #3 : Linux est adaptable à votre goût et votre usage
A moins que votre ordinateur ne vous serve à jouer ou à utiliser des logiciels propriétaires comme Photoshop ou Microsoft Office, Linux vous rendra mieux service que Windows (je ne saurais comparer à MacOS que je n’utilise pas). Tout simplement car vous pouvez découper tout le gras autour de ce qui vous est réellement utile. Votre système est largement plus léger et réactif. Vous pouvez personnaliser votre système à votre usage. Et à votre goût.
Voir son PC démarrer au quart de tour est satisfaisant. Ne voir que les logiciels que l’on utilise est plaisant. Ça va plus vite et c’est gratifiant.
Mais encore une fois : Linux ne remplacera pas (complètement) Windows. Toute votre bibliothèque Steam ne fonctionnera pas sous Linux. Il existe des solutions pour exécuter les logiciels Windows sous Linux (Wine, Proton, Lutris) mais leur efficacité n’est pas garantie à 100%. Microsoft Office n’existe pas nativement sous Linux. Photoshop non plus – personnellement j’adore GIMP, mais la plupart des gens détestent ce placébo gratuit de Photoshop.
L’idée de cet article n’est pas de vous faire balancer votre système d’exploitation actuel pour Linux.
Vous êtes créatifs ? Si vous avez le temps et la motivation, vous pouvez faire ressembler votre bureau à ce que vous voulez. Si vous pouvez l’imaginer, Linux peut le faire (et il y a de fortes chances que quelqu’un l’ait déjà codé pour vous).
Que ce soit l’apparence du système ou l’organisation des fichiers et logiciels, absolument tout est modifiable.
C’est là tout l’attrait des différents environnements de bureau. Pour beaucoup, dont moi, le plaisir de Linux c’est aussi le plaisir d’une interface à mon goût. Sobre et efficace pour mon PC de travail. Simple au possible pour mon petit PC de voyage. Adapté à l’usage que je fais de chaque, à mon goût.
C’est beau, simple et très efficace pour bosser.
Raison #4 : Linux est une école vivante
Rappelez-vous : vous devez comprendre un minimum les outils dont vous vous servez. Surtout à notre époque exponentiellement numérique. J’ai bien dit NUMÉRIQUE : en français, l’adjectif « digital » se rapporte aux DOIGTS et non aux « digits » qui signifie « nombres » en anglais, d’où la bonne traduction en « numérique », merci de votre attention.
Parce que si je vous ai présenté tous les aspects gratifiants de Linux, il y en a aussi de bien plus frustrants.
Certaines choses, certaines fonctionnalités, certains automatismes auxquels vous êtes habitués avec Windows ou MacOS peuvent ne pas apparaître dans votre distribution. Certains raccourcis claviers auxquels vous êtes habitués. La disposition de la barre des tâches. Le contenu du menu démarrer (s’il y en a un). Tout ceci est rectifiable (tout le système est hautement customizable) mais se casser les dents sur une erreur incompréhensible de prime abord peut énerver.
Pourtant je vous y encourage. Parce que vous allez apprendre par la pratique à diagnostiquer un problème informatique, à rechercher la solution et à l’appliquer. J’ai longtemps été coincé avec mon petit PC de voyage pour une raison de bête : la carte wifi n’est pas détectée par défaut lorsque j’installe une distribution. Et si le PC ne peut se connecter à internet, évidemment, il ne peut pas aller chercher le correctif nécessaire…
Deux solutions : brancher une clé wifi quand on en a une, pour pouvoir télécharger le pilote. Sinon… se débrouiller. Parce qu’il y a plusieurs solutions à ce problème idiot. A moi de les trouver ! En cherchant sur Google des cas similaires, en fouillant les fichiers, en allant chercher le nom de la carte wifi pour voir si elle n’a pas un défaut connu ou un pilote disponible.
Quelle solution a fonctionné ? J’ai été chercher le pilote et ses dépendances, que le PC ne pouvait récupérer sur internet, et j’ai tout installé à la main (double clic, « installer »… pas dur). Meilleure solution : si la distribution installée a le pilote pour connecter un smartphone, vous pouvez connecter votre téléphone en USB et vous en servir comme d’un modem.
Dépendances, un mot important dans l’univers Linux. Très souvent, un logiciel sur Linux va s’appuyer sur d’autres logiciels (souvent des modules, des petits bouts de codes, des fichiers que vous ne remarquerez jamais). Ces autres programmes dont dépend celui que vous souhaitez installer sont ses dépendances. Et les problèmes de dépendances manquantes, pas à jour, mal installées, etc, ne sont pas rares.
Ce ne sont pas des problèmes difficiles à résoudre. Et c’est un bon exemple de ce que se débrouiller avec Linux peut faire pour vous : un cours vivant sur le fonctionnement de vos logiciels, sans avoir à creuser dans le code. Une sorte de vision macro d’un système d’exploitation, une connaissance qui se transpose sur Windows et MacOS, et qui vous aidera à comprendre et résoudre des problèmes sur ces autres systèmes, ainsi que sur les systèmes informatiques ne général (votre téléphone par exemple).
Mon expérience : du recyclage de laptop à l’optimisation pour la productivité
Vous connaissez donc mon parcours avec Linux : de la mise au point d’un vieux PC pour mes études jusqu’à celle de mon outil de travail actuel. Je ne suis pas un spécialiste, mes notions en informatiques sont limitées, et je ne cherche pas particulièrement à devenir un expert.

Après 5 ans de bidouille, mon système me plaît et fonctionne comme j’aime. J’ai les connaissances basiques pour en faire la maintenance et le tout fonctionne plus vite et de manière plus stable que Windows.
Ce que j’ai appris pendant ces 5 ans m’aide beaucoup lorsque j’ai un problème sous Windows (ou, cas plus fréquent, lorsque quelqu’un de mon entourage à un problème). Car la logique est souvent la même, le jeu de déduction et de correction des erreurs est souvent analogue d’un système d’exploitation à un autre.
J’ai désormais une idée claire de comment fonctionne un ordinateur. De la fonction de ses composants électroniques, de comment ses composants traduisent une information, qui devient ensuite un système, qui devient un outil pour l’être humain. Non seulement je ne vais jamais chez le dépanneur, mais on m’appelle en lieu et place de ce dernier…!
Bonus : comment débuter & mes distributions préférées
J’espère vous avoir donné envie de tester Linux à votre tour. Au minimum, que vous ayez saisi à quel point vous avez, à portée de clic et gratuitement, toute une palette de systèmes à votre service.
Comment essayer pour voir ?
Le plus simple est d’utiliser une clé USB « live ». C’est à dire que vous allez installer une distribution Linux sur votre clé USB, dont le rôle sera de vous permettre de la tester et de l’installer sur votre disque dur si vous le souhaitez. Une clé USB live peut être « permanente », c’est à dire que vous pouvez y sauvegarder des fichiers, y télécharger des programmes, etc. Vous n’avez qu’à l’insérer dans un ordinateur (avant de l’allumer) pour vous en servir.
La petite difficulté ici, c’est que vous devez dire à votre ordinateur de lancer le système d’exploitation de la clé USB, et non celui du disque dur. Vous voulez charger le système qui est sur la clé et pas Windows ou MacOS. Sur certains ordinateurs, la clé USB sera chargée en priorité sur le disque dur.
Sinon, il vous faudra accéder au BIOS de votre ordinateur pour « booter » sur votre clé USB (il s’agit généralement de garder une touche enfoncée au démarrage du PC). Sur les PC de plus de dix ans, ce n’est parfois pas possible sans logiciel.
Comment fait-on exactement ?
On télécharge le fichier .iso depuis le site de la distribution (les liens sont fournis) ainsi qu’un logiciel de préparation de clé USB : balenaEtcher. On exécute balenaEtcher, on insère sa clé USB, on choisit le fichier .iso téléchargé, et on « flashe ». Le logiciel travaille, une fois que la clé est prêt il vous le dira. Vous n’avez plus qu’à redémarrer.
Bien sur, vous pouvez formater votre clé USB par la suite.

Une autre option est de créer une machine virtuelle avec un logiciel comme VirtualBox. Il s’agit d’un genre d’émulateur, qui créé un ordinateur dans votre ordinateur. Consultez le tutoriel pour comprendre comment s’y prendre car ce n’est pas intuitif. Cette option a le mérite d’être totalement réversible. Vous dédiez quelques dizaines de Go de place à votre système virtuel et vous avez un environnement sûr pour tester Linux. Notez cependant que ça peut être assez lent si votre PC n’est pas véloce.

Comme je m’improvise influenceur et que de toute manière c’est mon blog, laissez-moi vous proposer trois distributions que j’ai utilisé ou que j’utilise toujours et que j’aime bien.
1) Débuter par la voie « classique » : Ubuntu (et dérivés : Xubuntu, Kubuntu, Ubuntu Budgie…)
Ubuntu est la distribution Linux la plus connue. Elle est développée par une entreprise, Canonical. Ubuntu n’est pas exempt de défauts mais est très largement fonctionnelle. C’est pourquoi elle est idéale pour débuter : elle n’est pas assez méchante pour vous dégoûter et sa communauté nombreuse et active résoudra tous vos soucis en une recherche Google. Vous aurez ainsi l’occasion d’apprendre en douceur.
L’autre gros avantage d’Ubuntu, c’est que vous pouvez l’installer sur une clé USB en mode « permanent ». C’est à dire que vos fichiers, votre travail, seront sauvegardés. Une façon parfaite de tester le système sans rien casser sur son ordinateur.
Le « software center » commun aux distributions Ubuntu permet de chercher, installer et désinstaller facilement des logiciels.
Et enfin, comme cela a été évoqué plusieurs fois au cours de l’article, Ubuntu est disponible dans pratiquement tous les environnements de bureaux existants. Ce que je vous recommande, c’est donc d’en regarder quelques uns ci-dessous, et vous êtes libre de tester celui qui vous plaît le plus à l’œil.



Personnellement, je trouve que c’est la version la plus sympa d’Ubuntu.
Si vous êtes vraiment curieux, vous pouvez également voir Ubuntu GNOME, Lubuntu, Ubuntu MATE.
Vous pouvez aussi voir les distributions basées sur Ubuntu : elementary OS, Peppermint OS, Linux Mint, KDE Neon.
2) Découvrir un système plus pointu, avec un autre gestionnaire de paquets : Manjaro
Manjaro est basé sur Arch Linux, une distribution dont le crédo est « keep it stupid simple« .
Arch Linux a pour philosophie d’offrir la quintessence de Linux à ses usagers : un système pur et efficace, totalement maîtrisé par son utilisateur. Tellement maîtrisé qu’en fait, Arch Linux est une distribution que vous devez « fabriquer » vous-même ! L’usager moyen d’Arch Linux s’enorgueillit d’avoir bâtit son système lui-même et de l’entretenir lui-même (et jouit donc d’une réputation de nerd prétentieux sur internet). Sauf que ça lui prend des heures et des heures !
La particularité principale d’Arch (et donc de Manjaro), c’est son système de gestions des paquets : pacman. Ce dernier puise dans la base de données la plus vaste et la plus à jour des paquets Linux : l’AUR. Une épée à double tranchant : vous pourrez constamment avoir les programmes les plus à jour, mais parfois ça déconne.
Cela implique également que le système tout entier se met continuellement à jour au fil du temps. Contrairement à Ubuntu qui propose une version « fixe » et ne met à jour que certains logiciels, Manjaro set met entièrement à jour. Cette philosophie s’appelle « rolling release« : quand une nouveauté est prête, les usagers l’installent directement.
Manjaro, ce sont les avantages d’Arch Linux sans les inconvénients. Manjaro est très facile à installer. Et pour vous éviter les risques de l’AUR, Manjaro propose ses propres dépôts de paquets stables, testés au préalable.

Manjaro est donc merveilleux à condition de ne pas faire n’importe quoi avec les mises à jour. Rien de compliqué donc. Vous devez juste prendre le temps d’apprendre ce qu’est un paquet et à faire attention lors de vos mises à jour.
Manjaro est disponible avec les environnements de bureaux XFCE, KDE et GNOME précédemment cités (mais il existe des versions communautaires – donc moins stables – pour de nombreux autres environnement de bureaux, dont Budgie cité plus haut). Question de goût, encore une fois. Avec Linux vous avez le choix.
3) Une distribution stable, simple et 100% française : Mageia
Au bout d’un certain temps à essayer de nombreuses distributions, j’ai fini par savoir quelles étaient mes priorités pour mon système : stable, rapide, qui n’a pas besoin d’être réinstallé périodiquement et qui reste personnalisable. Je n’ai pas spécialement besoin d’avoir les toutes dernières versions des logiciels que j’utilise. Mageia coche toutes les cases.

Mageia est développée par une association française, qui ne publie de nouvelle version de sa distribution que tous les deux ans, lors qu’ils sont sûrs à 100% que tout est parfaitement stable. Lorsqu’une nouvelle version paraît, il est possible d’effectuer une mise à niveau et donc de ne pas avoir à tout réinstaller.
La principale spécificité de cette distribution, c’est son support matériel. Tout fonctionne immédiatement. Le fichier iso est plus lourd que la moyenne, et pourtant votre système est plus vif que la moyenne : c’est parce que le fichier iso embarque un grand nombre de pilotes matériels pour assurer une compatibilité maximale.
Mageia est l’héritière d’une lignée historique de distributions Linux françaises : Mandrake et Mandriva. Par conséquent, l’essentiel de la documentation et de la communauté est francophone.
Ce n’est pas un système super fun : c’est solide comme la roche et si vos besoins en logiciels sont basiques (comme c’est mon cas), vous n’aurez pratiquement jamais de problèmes. Avoir des bugs et des erreurs est la norme avec Linux mais pas pour Mageia. Enfin, la fonctionnalité et l’efficacité priment sur l’esthétique : les applications natives de Mageia ne cherchent pas à vous impressionner.
Les usagers de Mageia sont sous-représentés sur les forums Linux, car ils n’ont pratiquement jamais de problèmes.
J’ai mis un peu plus de temps à me familiariser au système de paquets (RPM et DNF). Heureusement Mageia, tout comme Manjaro et Ubuntu, propose un « app store » (plutôt un « package store »).
Si utiliser Linux fait de vous un hipster, utiliser Mageia fera de vous un hipster parmi les hipsters. Bien moins populaire que Manjaro et Ubuntu sur internet, Mageia est une « ancienne gloire » qui fut un peu oubliée suite à quelques versions un peu lourdes. Mageia 7 (parue en 2019) fut saluée par la critique cependant, et Mageia 8 (parue en 2021) est d’une vélocité impressionnante pour une distribution qui n’est pas considérée comme étant légère.
Mes distributions préférées (partie que je mettrais à jour à ma guise pour noter si mon choix a évolué depuis la publication de l’article)
Au 6 juillet 2021 :
- Mageia – mon coup de cœur : stable, propre et efficace
- Manjaro – véloce et fonctionnelle sans efforts
- openSUSE – je découvre mais j’apprécie la stabilité, l’optimisation et les utilitaires de gestion système (YaST)
Depuis le 4 juillet 2021 : j’utilise openSUSE Tumbleweed avec GNOME 40 (besoin d’un paquet à jour et souhait de tester GNOME 40 – Fedora n’a pas du tout marché pour moi)
2ème bonus pour ceux qui lisent jusqu’au bout : comment rendre un vieux PC rapide comme l’éclair en changeant le disque dur et la RAM (pour quelques dizaines d’euros)
Ca ne marchera pas avec tous les PC. Mais si votre vieil ordinateur portable peut être ouvert (ce n’est pas le cas de tous) et que vous n’avez peur de mettre les mains dedans, vous pouvez remplacer votre vieux disque dur par un SSD rapide comme l’éclair, et ajouter une barre de RAM s’il y a un slot disponible.
Petite explication rapide : un SSD est nettement plus rapide qu’un disque dur classique (« HDD ») mais je ne me risquerais pas à expliquer pourquoi. La RAM ou mémoire vive désigne la quantité d’informations que votre ordinateur traite à un instant donné. Plus vous avez de mémoire vive, plus il peut gérer d’informations fluidement et efficacement. Si votre PC rame quand vous avez trop de fenêtres ouvertes, c’est que vous utilisez trop de mémoire vive.
Cherchez le modèle de votre PC sur internet pour trouver des tutoriels et pour déterminer les dimensions de disque dur et le type de RAM. Si vous indiquez le modèle exact, en général, vous saurez si votre PC a un deuxième slot de RAM vide.
Une fois que vous savez quelles pièces chercher, une commande sur un célèbre site chinois (ou américain), un tournevis et un peu de bricolage plus tard, vous avez un PC largement ragaillardi !

• Encadré en rouge : la place du disque dur principal. Il suffit de débrancher la languette orange pour retirer le disque dur et en mettre un nouveau.
• Encadré en blanc : les deux slots de mémoire vive. L’un a une barre de RAM, l’autre est vide. Je peux donc rajouter une barrette.
• Le losange bleu désigne l’emplacement du lecteur CD/DVD. Dont je ne me sers pas. Je l’ai donc retiré et j’y ai mis à la place un « SSD caddy » avec un deuxième disque dur. La connectique du lecteur CD/DVD est la même que pour un disque dur. Un boitier plastique ayant la forme du lecteur CD/DVD permet de coincer le nouveau disque dur dans l’ordinateur.
Une réflexion sur “🟢 Pourquoi vous avez besoin de Linux”