⏱️ Memento Mori

Au micro d’une chaîne de télévision française, le pilote de F1 Romain Grosjean semble désabusé : « c’est un peu dur en ce moment, on essaie de profiter des trois dernières courses mais avec la trapanelle, c’est difficile […] l’objectif est de trouver du plaisir mais quand vous êtes 19e, le plaisir est limité.« 
On sent un homme désabusé, préoccupé, ennuyé.

« Loving life. »

48 heures plus tard, sur les réseaux sociaux, on retrouve un Romain Grosjean souriant, affirmant « aimer la vie ».

« Je dirais qu’il y a un sentiment d’être heureux d’être en vie, de voir les choses différemment […] [C’est] presque comme une seconde naissance […] c’est quelque chose qui marquera ma vie à jamais. J’ai énormément de gens qui m’ont fait preuve d’amour et ça m’a beaucoup touché, et à certains moments j’ai un peu les larmes aux yeux.« 

Les morceaux ont été choisis. Romain Grosjean a-t-il remporté sa première victoire en F1 pour être passé d’un état d’esprit négatif à un tel rayonnement ?

Non. Il a failli mourir dans l’un des plus graves accidents de l’histoire de la compétition automobile.

Frôler la fin de si près remet les choses en perspective. Les yeux dans les yeux avec la mort, Romain Grosjean a pensé à sa famille. Elle était trop importante pour lui, il a refusé de mourir. Avec l’aide d’innovations technologiques et d’une équipe médicale ayant réagi à la seconde, il s’en tire avec quelques brûlures seulement.

Memento Mori. L’expression nous vient de l’antiquité romaine et est souvent associée aux penseurs stoïques. Souviens-toi que tu vas mourir. Veux-tu vraiment remplir le temps qui t’est imparti de doutes et d’inquiétudes triviales, lorsque tu pourrais te réjouir d’être en bonne santé, d’être bien entouré, tout simplement d’être en vie ?

Pour les sages taoïstes, on ne peut accéder à la sagesse qu’en faisant l’expérience métaphorique de la mort. Votre vie est un fragment d’un ensemble plus vaste et plus complexe, le « tao » (la voie). Réaliser ce qu’est la mort permet de saisir la valeur de ce fragment, mais aussi son insignifiance dans la « grande image » de l’univers.

Remis à notre place, nous nous retrouvons humble. Et heureux de vivre. Car s’il n’y avait la mort, que vaudrait la vie ?


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