🛠 Apprendre, mémoriser

2020 marque le retour en force des formations en ligne et autres MOOCs. Une aubaine pour apprendre un sujet qui vous intéresse depuis toujours ou de rajouter une corde à votre arc.

Toutefois un problème se pose : vous ne savez pas apprendre. Ce n’est enseigné nulle part. Les enfants retiennent grâce à la plasticité ahurissante de leur cerveau, mais à aucun moment l’école ne vous a enseigné comment apprendre et mémoriser.

Cet article vous donnera des clés qui peuvent sérieusement transcender votre vie à moyen et long terme.

Crédit : Gerd Altmann

La mémoire est à la fois un sujet très ancien et très moderne. Les recherches neuroscientifiques à son sujet battent leur plein au moment où j’écris ces lignes. Toutefois, la pratique millénaire de la mnémonique et l’état actuel des connaissances permettent dores et déjà d’optimiser sa façon d’apprendre et de mémoriser de nouvelles information. 

Apprendre est un processus ACTIF. Lire ne suffit pas, cela ne fait que « créer » une information dans votre cerveau, sans aucun lien neural pour y accéder (hormis en relisant). C’est pourquoi, pour rendre une information utile, il faut la mobiliser.

Peu importe le sujet que vous étudiez. Cela peut signifier enseigner ce que vous venez d’apprendre (cela vous aidera même à mieux comprendre et à créer des liens dans votre esprit), réécrire et reformuler à votre manière (vous vous demandiez pourquoi ces fameuses « fiches de révision » fonctionnent ?), ou pour ce qui peut être directement mis en œuvre, s’y mettre dès que possible. Bien sûr que vous devez prendre des notes, si ce n’est pas déjà le cas. 

Mais avant de réutiliser l’information acquise, il importe de bien gérer, stocker, digérer cette information. 

Voici quelques techniques très simples qui feront une différence en temps et en efficacité. 

1- Associations 

Quelque chose que tout le monde sait mais que peu appliquent, c’est que la mémoire fonctionne optimalement par associations

La mémoire déclarative (c’est-à-dire celle à laquelle notre conscience à accès) fonctionne selon une logique d’associations entre les informations. Lorsque dans votre cerveau s’activent les circuits neuraux propres à une information (la couleur verte par exemple), les neurones connexes seront également stimulés, ce qui fait que vous pouvez inconsciemment vous rappeler de certaines choses (des paysages verdoyants) et consciemment vous rappeler qu’il existe plusieurs nuances de vert. 

Les associations se renforcent de trois manières :  

  1. la quantité des liens établis (vous pouvez surement citer 10 objets verts, mais combien d’objets fuschia à pois gris ?
  2. les émotions/sensations (l’objectif premier de la partie « primaire » de notre cerveau est la survie – et les émotions et sensations sont des informations capitales pour survivre : par conséquent, le cerveau les mémorise en prioité) 
  3. la répétition (solliciter plusieurs fois un circuit neural conduit à son renforcement neurochimique : la myélinisation). 

• Quantité : plus une information se rattache à d’autres informations que vous connaissez déjà, et plus elle sera facile à mémoriser. Si vous parlez couramment anglais, vous mémoriserez plus facilement un langage de programmation dont la syntaxe est en anglais, par exemple, car vous connaissez les mots qui servent de code et vous les comprenez. 

Qualité : plus une information a une charge émotionnelle ou sensationnelle forte, et plus elle est mémorable. Vous vous rappelez certainement de toutes les fois où vous avez failli mourir, ou où vous étiez en danger. C’est parce que dans ce cas de figure, l’émotion est intense et le cerveau se met en mode d’alerte maximale pour gérer la situation. Dans une logique de survie, l’épisode est enregistré durablement dans le cerveau. Mais la peur n’est pas la seule émotion pouvant renforcer une association mnémonique, heureusement. 

En combinant ces deux éléments, on peut aboutir à un petit conseil propre à la mnémonique (l’art de mémoriser), qui est de lier ou de formuler une information de manière artificiellement « mémorable »

L’un des secrets des mnémonistes pour mémoriser de très longues suites de nombre par exemple, est d’associer une image à chaque chiffre (par exemple, une épée au chiffre 1, un crochet au chiffre 2, etc), puis de créer des combinaisons d’images mentales pour aboutir à une grande image, suffisamment absurde pour devenir mémorable. Cela ne fonctionne pas qu’avec les chiffres, et il n’y a pas de règles spécifiques.
En 3ème année de licence de management, j’ai créé une image mentale avec Cristiano Ronaldo pour retenir les soldes intermédiaires de gestion (un concept d’analyse financière). C’est ridicule, et ça a super bien fonctionné

Certains exemples sont connus : Mais Où Et Donc Or Ni Car, Mon Vieux Théâtre Me Joue Souvent Une Nouvelle (Pièce). Et s’ils sont connus, ça n’est pas par hasard. 

Notez que la mémorisation par association est la méthode « naturelle » d’apprentissage de l’être humain. Les enfants apprennent en faisant des liens et comparaisons entre une nouvelle chose et ce qu’ils connaissent déjà. Cette méthode est ensuite déconstruite à tort par le système académique, hélas. 

Tout est littéralement lié dans votre cerveau. Renforcer les liens à une information, une connaissance ou une compétence renforcent sa pérennité.
Crédit image : Pete Linforth

2- Importance de la répétition 

La mémoire est périssable si elle n’est pas entretenue. C’est logique : si une information est inutilisée pendant un certain temps, le lien neurochimique va progressivement s’affaiblir. 

D’où l’importance de consolider les informations qui vous importent (préalablement mâchées).
6 à 10 fois, si nous sommes dans une logique d’apprentissage. 

Un peu plus haut nous évoquions le processus de « myélinisation », c’est-à-dire d’activer un circuit neural suffisamment de fois pour signaler son importance aux cellules cérébrales chargées de la « maintenance du cerveau », qui viendront renforcer ce lien avec une couche d’une substance appelée myéline. La myéline est comparable aux gaines des câbles électriques : elle protège et renforce. 

Ainsi, plus une information est « déclarée » dans le cerveau (à intervalles distanciés, cependant) et plus elle sera fixée dans la mémoire.  Elle sera également plus rapide.

Des outils pour la répétition : un logiciel comme Anki vous permet de créer des « flashcards » : vous entrez un mot/phrase/question d’un côté et la réponse de l’autre. Une fois vos flashcards créées, le logiciel vous affiche le mot/phrase/question et si le lien est fait dans votre esprit, la réponse vous viendra à l’esprit. Si vous ne trouvez pas, indiquez le au logiciel, qui fera ressortir la carte dans quelques minutes. Essayez ! C’est simple et gratuit. On peut même trouver des decks de flashcards pré-construits. 

En 3ème année de licence, j’ai créé un deck de flashcards sur le contenu de mon cours de marketing. La semaine de révision pour les partiels était intenses pour mes camarades. Je me rappelle notamment d’une amie qui passait ses journées à la BU dès 8h et n’en revenait qu’à 22h pour ensuite réviser chez elle jusqu’à 1h du matin, quitte à se priver de sommeil. Pour ma part, j’avais un programme pré-établi et je ne révisais en tout que 1h45 à 2h par jour (pour toutes les matières, pas pour chacune séparément !). 

J’ai eu la meilleure note car j’avais retenu toutes les définitions par cœur. En un temps de révision largement inférieur à la moyenne. 

J’étais également dans le top quartile dans quasiment toutes les autres matières, en ayant passé beaucoup moins de temps à réviser que les autres. Je trouvais même le temps de faire du sport tous les jours ! 

Pour optimiser cette stratégie, il convient de « répéter » l’information à des intervalles prédéfinis. Voici un exemple de planification des moments auxquels vous devriez relire un document dont vous souhaitez retenir le contenu : 

  • Maintenant 
  • dans une heure 
  • dans trois heures 
  • demain matin 
  • demain soir 
  • après-demain 
  • dans 5 jours 
  • dans 7 jours 
  • dans 10 jours 
  • dans 15 jours. 
Le fait que le système scolaire n’apprenne pas à apprendre, et qu’il soit conçu en conséquence, donne à ceux qui apprendront à se servir de leur cerveau un IMMENSE avantage. Vous pouvez cartonner tous vos examens en révisant moins longtemps que les autres, à condition de bien appliquer les principes de la mémoire.
Crédit photo : Nikolay Georgiev

3- Le « memory palace », la technique de mémorisation historique 

Maintenant que vous êtes familiers des deux grands concepts de la mémorisation, l’association et la répétition, vous comprendrez aisément la technique du « memory palace », une technique mnémonique ancestrale grâce à laquelle les pièces de théâtres de l’antiquité (et beaucoup d’informations historiques pré-invention de l’écriture) nous sont parvenues. 

Cette technique met en œuvre tous les rouages d’une mémorisation efficace. L’idée est de recréer dans votre esprit un endroit que vous connaissez bien (votre maison ou appartement, par exemple) et de s’en servir comme « support de visualisation » pour mémoriser des choses dans un ordre établi, dans votre esprit. 

L’idée est d’établir un « circuit » dans l’endroit que vous vous représentez mentalement. Si par exemple je prends ma chambre, je peux commencer assis à mon bureau, je regarde à droite et voit une tablette, puis encore à droite il y a ma bibliothèque, puis ma fenêtre et son rebord, puis ma table de chevet, puis mon lit, puis ma penderie, puis mon étagère à vêtements, puis une autre étagère, puis un chevalet, puis la porte. Dans mon exemple, cela fait un ordre logique de 11 éléments. 

La technique du memory palace consiste à disposer mentalement un élément (ou une représentation mémorable d’un élément) à chacun de ces emplacements. 

Imaginons que je veuille aller faire mes courses et que je doive acheter 11 choses hétérogènes (des litchis, de la mousse à raser, un rumsteak, des yaourts…) et que je sois perfectionniste au point de vouloir regrouper ces choses d’une certaine manière (ordre alphabétique, alimentaire ou non, où ils se trouvent dans le supermarché…). 

Je vais alors visualiser ces objets (ou quelque chose qui les évoque) aux différents endroits de ma chambre : 

  • mon bureau recouvert de litchis (j’imagine l’odeur – ajouter des sensations & émotions renforcent l’aspect mémorable), 
  • de la mousse à raser partout sur ma tablette (et qui formerait un « blob » de mousse à raser, qui bouge et qui parle – plus c’est absurde et plus c’est mémorable !), 
  • une bibliothèque où les tranches de viande auraient remplacé les livres (visualiser le sang de la viande qui coule), etc. 

Si je veux retenir plus de 11 éléments, bien entendu je peux ajouter des emplacements (sous mon bureau) ou bien une autre pièce. Encore une fois, votre imagination est la seule limite. Plus votre imagination travaillera, plus cette technique sera efficace ! L’imagination est la meilleure alliée de la mémoire. Souvenez-vous des enfants et de leur capacité ahurissante à apprendre comme des éponges. 

On se souvient mieux de ce qui est surprenant, drôle, menaçant, anormal.

On peut mémoriser un jeu de carte entier en associant chaque carte à une personne, un objet, etc, puis en les liant en fonction de l’ordre des cartes. 

Et bien entendu, répétez votre « memory palace » pour vous en souvenir ! 

Les pièces de théâtre antique nous sont parvenues grâce à ceux qui ont maîtrisé la mnémonique et notamment la technique du « memory palace ». On notera toutefois que, à force de transmissions et de répétitions, certaines informations peuvent être altérées malgré tout. Nous restons humains.
Photo : jotahernandez21

4 – Connaitre les ennemis de la mémoire 

C’est une chose de connaître les bonnes pratiques de la mémorisation, mais tout ceci ne servira à rien si vous commettez les erreurs suivantes : 

  • Manquer de sommeil. La mémoire se fixe pendant le sommeil. Ainsi après une longue journée de révision, il est vital de s’assurer d’avoir une nuit complète de sommeil. Non seulement cela permettra à votre cerveau de fixer le nouveau savoir, mais en plus vous serez plus frais pour vous en resservir et pour continuer à apprendre de nouvelles choses. C’est pourquoi la fille qui se privait de sommeil pour réviser dès 8h du matin n’a pas eu de meilleurs résultats que les autres (et en plus, son échec lui a fait croire qu’elle était moins douée que les autres !
  • Boire de l’alcool. Une longue journée de révision s’achève, les esprits sont fatigués et veulent se détendre. Alors on se réunit entre étudiants pour boire quelques bières, après tout ça ne peut pas faire de mal ? Et bien si, ça peut potentiellement réduire de 75% la fixation du savoir dans votre mémoire. L’alcool ne fait jamais de bien au cerveau, et en plus il détériore la qualité de votre sommeil, donc l’effet négatif est double. 
  • Ne jamais faire de pause. Si vous êtes familier de WIP Corp, vous êtes familiers de la méthode Pomodoro. Cette méthode marche car elle équilibre convenablement le travail et le repos. Votre cerveau a besoin de repos pour bien assimiler une information. C’est d’autant plus vrai si ce que vous apprenez ne vous stimule pas outre mesure (des formules comptables, par exemple). Le cerveau exerce un effort (qui consomme réellement de l’énergie) et comme tout organe énergivore, il a besoin de se reposer. La méthode Pomodoro propose le ratio idéal (25/5) car le temps de concentration moyen d’un être humain est compris entre 25 et 45 minutes selon les gens. Vous pouvez également faire 45/15 (c’était mon ratio à l’université) ou 35/10, par exemple. 

Ce qui est bon pour votre cerveau est bon pour votre mémoire ! Ainsi on peut ajouter que manger sainement (et notamment de bons acides, comme les poissons et fruits secs) participe indirectement à mieux apprendre. L’exercice physique est également largement préconisé pour oxygéner le cerveau et donc bien le nourrir. 

— 

Vous avez désormais les bases essentielles.
Ce qu’il faut retenir, en bref : 

  1. La mémoire fonctionne vraiment par associations 
  2. Quantité, émotions, répétitions 
  3. Des outils existent pour ce qui est de la répétition ou de la mise en forme de l’information 
  4. Le « memory palace« , avec de l’entraînement, permet de mémoriser des jeux de cartes ou des pièces de théâtre en entier ! 
  5. Ne sous-estimez pas le repos et le sommeil 
  6. Ne sous-estimez pas l’importance d’une bonne hygiène de vie 

La seconde partie de l’article donnera des méthodologies pour organiser son apprentissage et rendre l’information plus facile à apprendre, quelques techniques supplémentaires, et un peu de neurosciences pour mieux comprendre. 

Mais avant cela, petite entracte ! Prenez un peu de temps pour vous reposer dans votre lecture, pour digérer les informations que vous venez de recevoir. Vous pouvez prendre une minute pour survoler ce que vous avez déjà lu et prendre des notes. Ou bien fermer les yeux et méditer un peu.

Vous pouvez aussi regarder ce clip du meilleur pratiquant de boxe française de l’histoire :

François Pennachio est notamment célèbre sur internet pour avoir mis une raclée à Ramon Dekker, champion de muay thai.

Nous avons vu précédemment que pour employer au mieux son aptitude à mémoriser, il convenait de jouer sur trois aspects : l’association, la répétition et l’aspect sensationnel/émotionnel/absurde (ce qui rend une information mémorable, intéressante, plutôt que froide et sans saveur). 

Dans cette seconde partie de l’article nous allons apprendre comment préparer l’information afin de l’apprendre plus facilement. Comment maximiser la rétention (et la compréhension) de nouveaux éléments.  

1- Framework d’apprentissage : « mâcher » l’information pour la rendre digeste pour votre cerveau 

De nombreux blogs de développement personnel soulignent l’importance de mettre en place un « framework » d’apprentissage. L’idée est de mettre en place un processus relativement standard qui permette de partir de l’information brute et d’aboutir à sa compréhension et sa mémorisation. 

L’auteur américain Tim Ferriss, célèbre pour sa « Semaine de 4 Heures » (ou l’apologie du dropshipping avant que ça ne devienne mainstream) s’est penché sur la question dans son livre « The 4-Hour Chef » (non traduit en français). Ce livre part du principe qu’avec un bon framework d’apprentissage, vous pouvez maîtriser des connaissances ou une compétence bien plus rapidement qu’en essayant d’apprendre de manière « traditionnelle ». 

Ferriss propose deux frameworks, chacun reposant sur le même principe : la loi de Pareto. Selon Ferriss, 20% des efforts peuvent produire 80% des résultats (c’est la logique de son autre livre The 4-Hour Body, qui cherche comment le minimum d’entraînement génère le maximum de résultats) : 

DSS (Déconstruire, Sélectionner, Séquencer) 

Déconstruire → repérer les informations clés, et les épurer au maximum. 

Sélectionner → trouver les 20 % du document qui comprennent 80 % de l’information (ou bien ce qui vous intéresse vous, c’est subjectif). 

Séquencer → mettre les informations dans un ordre qui vous semble logique. 

Ce framework s’applique bien pour un gros travail de synthèse. Vous avez par exemple un livre entier à synthétiser, ou plusieurs articles académiques. L’idée est alors de repérer les informations clés à chaque chapitre ou article, d’abord en repérant les paragraphes, phrases etc qui les comportent. Puis il s’agit à partir de ce premier travail de repérage, d’en retirer environ 20%, de synthétiser le tout autant que possible, de garder l’information clé, les phrases qui permettent la compréhension d’un concept, les idées qu’il faut retenir absolument. Puis ordonner le tout d’une manière logique (ou qui vous semble logique). 

C’est la méthodologie suivie par cet article : vous y retrouvez 20% d’un contenu sélectionné au préalable dans plusieurs livres et articles, puis reformulés et réordonnés. 

CaFE (Compression, Fréquence, Encodage) 

Compression → les 20 % du document qui contiennent 80 % de l’info doivent tenir sur une page A4. 

Fréquence → lire/étudier cette page A4 fréquemment pour consolider la mémoire. Un logiciel de « flashcards » comme Anki peut vous y aider. 

Encodage → trouver des associations originales (voir partie « associations ») pour permettre une re-mémorisation immédiate des infos. 

Ce framework est plus adapté pour un seul document, une quantité d’information plus faible, centrée autour d’une information capitale. Par exemple si vous êtes étudiant(e) en finance de marché, ce framework se prête bien à la constitution d’une synthèse sur le MEDAF (« modèle d’évaluation des actifs financiers » ou CAPM en anglais – une formule financière très (trop) académique pour déterminer la rentabilité d’un instrument financier en fonction de son risque). 

Votre feuille A4 comportera la formule de valorisation d’un actif financier, mais aussi la logique derrière, les mathématiques et des exemples et associations pour vous assurer de retenir l’ensemble. 

Utilisez les deux framework de manière complémentaire 

Admettons que vous vouliez faire une fiche de synthèse de cet article. La méthode CaFE vous permettra de synthétiser chaque sous-partie dans un premier temps et construire une fondation pour la mémoire. Puis la méthode DSS vous permettra de construire quelque chose de plus efficient sur ces fondations, en synthétisant encore les informations les plus capitales de chaque sous-partie dans un seul document. 

Regardez un peu ce fouetté latéral ! On regrettera que l’assaillant ouvre autant sa garde, toutefois.
Photo : Sasin Tipchai
(Pourquoi il nous bassine avec la boxe française lui ? Ca cache quelque chose ?)

À propos de la prise de note

Quiconque me connaît un peu, sait à quel point je prêche pour des logiciels comme OneNote, Evernote, Notion ou Google Keep.

S’il y a au moins une chose que les bons étudiants savent sur l’art d’apprendre, c’est l’importance de la prise de note. Peu importe le format, vous devez prendre le temps de réfléchir à une structure de prise de note qui vous convient.

Enfin, les notes sont un processus en deux temps : on commence par l’acquisition et l’écriture. Ensuite, il faut être capable de réinterpréter l’information, de la reformuler. Si vous en êtes capable, c’est que vous avez compris l’information que vous avez prise en note. Si vous n’en êtes pas capable, alors vous savez ce que vous devez étudier.

2- Synthétiser l’information de manière logique pour notre cerveau 

Il est parfois compliqué de synthétiser l’information dans un document texte. Des images et schémas sont d’une grande aide, notamment pour toutes les associations qu’ils permettent. 

Le texte lui, va se lire de manière assez linéaire, « froide ». Il peut aisément perdre l’attention.

 C’est pourquoi une bonne façon de schématiser l’information est de constituer des mind maps (ou cartes heuristiques). L’idée est de conserver les concepts clés du texte (que vous maîtrisez déjà un minimum) et de les relier ensemble sur un plan en 2D, idéalement assorti de couleurs et d’illustrations.

Pour illustrer le concept de mind map de la manière la plus simple, on a ici un titre relié à différentes catégories de choses liées à ce titre : des énergies, des modes de transport, des modes de communication… Ajoutez du texte, des contours, quelques notes, et vous aurez un excellent document pour mémoriser tous les concepts exposés et comment ils intéragissent.
Illustration : GREGOR

Contrairement à l’auteur Tony Buzan, dont le fond de commerce est d’apprendre aux gens à employer leur mémoire et à faire des mind maps (je recommande ses livres), je ne crois pas qu’il soit nécessaire de particulièrement apprendre une méthodologie de mind maps. Une fois les principes clés compris (nécessité de clarté, de synthèse et de « mémorabilité » visuelle), chacun aura ses préférences et pourra effectuer sa mind map comme il le préfère. 

La réalisation d’une mind map est un excellent exercice pour consolider l’information dans sa mémoire, et pour y détecter des « trous », des approximations ou des manques. 

Ca prend un peu de temps, ça peut être épuisant mentalement, mais ça paie vraiment de le faire : je n’ai jamais eu moins de 15 dans une matière à la fac où je me suis donné la peine de faire une mind map – et souvent c’était des matières où je n’étais pas très bon à la base, ce qui m’incitait donc justement à aller plus loin. 

3- Quelques méthodes expérimentales ou controversées pour aller plus loin 

La lecture rapide 

Peut-on gagner en vitesse de lecture sans perdre en compréhension ? C’est assez difficile, mais en étant concentré, vous pouvez gagner un peu de vitesse. Attention toutefois : vous perdrez facilement de la compréhension, n’allez pas trop vite. Si vous gagnez ne serait-ce que 10% de mots lu par minute, c’est déjà un effet cumulable de manière très importante. 

Un article de Cerveau & Psycho alerte sur les limites de cette technique

L’idée est qu’au lieu que les yeux « balaient » la ligne de texte, ils fassent des « sauts »

Les astérisques*de ce paragraphe représentent où*vos yeux devraient se*poser successivement pour*engranger l’info (note : vous aurez très*probablement besoin de*davantage de points*qui seront plus rapprochés*au début – exercez*vous !) 

Cette technique nécessite de l’entraînement. Son exigence en concentration exige également de faire des pauses : le cerveau humain a une capacité en temps de concentration limitée, qui dépend selon les individus, et qui peut se travailler comme un muscle. La moyenne, bien qu’elle descende à notre époque, est d’environ 25 minutes. Visez 40. 

Exercez-vous à faire ces deux choses quand vous lisez : 

  • ne plus « lire dans votre tête« , ne pas vocaliser en pensées ce que vous lisez. Collez votre langue à votre palais pour vous y aider. 
  • lire en fixant des points à divers endroits de la phrase, et en fixant ces points quelques fractions de secondes. Vos yeux doivent bouger d’un point à un autre. Et vous l’aurez compris : trouvez votre rythme, vous aurez assez vite trouvé une limite de vitesse au-delà de laquelle vous perdez en compréhension. 

Augmenter son intelligence ? 

Il existe tout un livre sur le sujet : peut-on devenir plus intelligent ? Ce livre est « Smarter » de Dan Hurley, et je vous le déconseille fortement. Pourquoi ? Parce que justement, ce livre n’arrive pas à prouver quoi que ce soit, et conclut en disant « vous pouvez essayer ceci ou cela, mais au fond on en sait trop rien« .

Devenir plus intelligent signifierait être plus créatif, avoir une meilleure mémoire, réfléchir plus vite… L’intelligence est un sujet bien trop complexe (et polémique) pour en débattre ici.  

Il existe toutefois un exercice pour augmenter sa « mémoire fonctionnelle » ou mémoire de travail (comme la RAM de l’ordinateur). Son efficacité est prouvée, à condition d’en faire une pratique régulière, pour ne pas dire intensive. 

Le dual n-back est un « jeu » dont le concept est de mémoriser, sur une grille 3×3, l’ordre d’apparition de formes s’affichant brièvement. Je vous préviens, un cerveau non entraîné s’épuisera vite sur ce jeu, cognitivement très exigeant. 

Tout comme le corps, le cerveau peut être entraîné. En ce sens, on parle généralement d’étudier, de lire et de voyager. Le dual-n-back peut-être perçu comme un entraînement similaire à la musculation : c’est « brut » et on vise la performance.
Photo : franciscojcesar
Enfin, tout comme le corps et le cerveau, l’esprit peut être entraîné.

Lire & se cultiver 

On ne le dira jamais assez : lire permet d’emprunter le cerveau d’un autre. Lire de nombreux livres (attention toutefois à ne pas lire n’importe quoi, le « junk reading » existe bel et bien !) permet d’apprendre de nombreuses choses, de créer de nouvelles associations, avec de nouvelles idées, de développer la réflexion et l’esprit critique. 

Bien sûr nous entendons par là de lire des livres ou des articles spécialisés, pas votre fil d’actualité ou la presse moderne, ouvertement sensationnaliste.

Vivre de nouvelles expériences, voyager, avoir une discussion ouverte d’esprit avec un(e) inconnu(e) sur un sujet que vous abordez rarement ou jamais, étudiez la psychologie humaine… voilà autant de façons de faire travailler vos neurones et de grandir en tant qu’individu.

En conclusion

Apprendre et mémoriser, ce n’est pas compliqué. Mais ça n’est pas enseigné à l’école. Cela pose de nombreux problèmes à de nombreuses personnes pendant leurs études et même après.
Le contenu de cet article n’est pas complexe ni vraiment dense. Prenez le temps de bien assimiler chaque idée et chaque technique, voyez ce qui vous plaît et ce qui marche pour vous, et vous vous serez rendu un énorme service.

On apprend toute sa vie. Si quelqu’un vous dit qu’il en sait déjà assez et qu’il n’apprend plus, cette personne va progressivement se transformer en drone.
En l’absence de stimulation cérébrale, de créations de nouvelles connexions, vos habitudes prendront le dessus sur votre activité quotidienne et votre cerveau « débranchera » votre conscience. Sans vous en rendre compte, vous serez en mode pilote automatique de manière quasi permanente. C’est le cas de nombreux individus, et ce phénomène peut se produire avant même d’avoir 25 ans. Il peut durer jusqu’à la mort.

Ne négligez pas votre cerveau. Vous aurez toujours quelque chose à apprendre.

___________________ 

Sources :

  • « Brain Rules », John Medina (résumé
  • « Night School », Richard Wiseman 
  • « Moonwalking with Einstein », Joshua Foer
  • « The 4-Hour Chef », Tim Ferriss 

Autres lectures connexes et recommandées : 

  • « The Power of Habit », Charles Duhigg (résumé
  • « Made to Stick », Chip & Dan Heath 
  • « The Art of Learning »,  Josh Waitzkin
  • « Napoléon joue de la cornemuse dans un bus« , Jean-Yves Ponce 

Logiciels pratiques : 

  • Anki (flashcards – apprentissage par la répétition) 
  • FreeMind (logiciel de réalisation de cartes mentales) 
  • Brain Workshop (logiciel de jeu de n-back gratuit avec suivi de la progression) 

Cet article est basé sur ma collaboration avec Abel Kendrick sur le blog Wicked Games, « Comment apprendre plus vite et mémoriser comme une machine ». Article à reparaître bientôt, selon certaines rumeurs…

Cet article est une version améliorée d’un article de mon blog précédent, publiée sur le blog WIP Corp.

Toute insinuation sur un sujet futur, évoquant à la fois les arts martiaux et la spiritualité, n’est sûrement pas une coïncidence.


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